25.11.10

New York City Marathon : the long story, fifth borough Manhattan, finale

First borough : Staten Island
Second borough : Brooklyn
Third borough : Queens
Fourth borough : Manhattan, prelude / The Bronx
Fifth borough : Manhattan, finale


You move it to the left
And you go for yourself
You move it to the right
Yeah if it takes all night
Now take it kinda slow
With a whole lot of soul
Don't move it too fast
Just make it last
« Harlem Shuffle »




“Four boroughs down, only one left” dit un “sign” à la sortie du Madison Avenue Bridge. La course commence maintenant effectivement, j’essaie de reproduire le miracle de Las Vegas (légère accélération au 20ème Mi – 32ème km-, retour dans les temps de passage en 3km, euphorie finale) mais non, si j’ai bien l’impression de me battre, le chrono ne descend pas.


En fait nous sommes rentrés dans Harlem, et Harlem, c’est le Bronx ! Enfin c’est Manhattan, mais c’est le b….l, si je puis m’exprimer ainsi…



Le public est ici légèrement exubérant, il n’y a pas de barrières comme sur 1st Avenue, et les gens forment de temps en temps des goulots d’étranglement sur les parties étroites, ceci conjugué au fait que je ne suis pas sur le même rythme qu’une grande partie du peloton (visiblement la fin de la deuxième vague de départ) rend la situation infernale, c’est bousculade, changements de rythme et de trajectoires perpétuels, et même un peu d’agressivité de ma part je l’avoue (puis je plaider non coupable en évoquant la fatigue ?)
Spéchol cassdédi à celui qui devant moi fait une « oh-tiens-un-groupe-de-gospel-si-je-m’arrêtais-pour-faire-une-photo-oui-tiens-je-m’arrête-net », eh mec, il y a juste 10000 personnes derrière toi ! Le tout avec un maillot des New York Road Runners sur le dos, de la confiture à des… oh pardon !
J’arrive à trouver l’astuce en me mettant entre le peloton et la ligne des spectateurs et en anticipant un peu par signes avec ces derniers.



(où passer ?)




(je suis DEJA passé !)


Je manque les photographes de Contraste Voyages et réciproquement, il faut dire que je porte le singlet d’il y a 2 ans siglé des concurrents Thomas Cook …
Markus Garvey Park offre une petite bouffée d’oxygène, le peloton reste sur la chaussée et j’emprunte le trottoir (pavé mais tant pis), toujours à la recherche de la relance, c’est difficile…





Fifth Avenue reprend son trajet rectiligne après Marcus Garvey Park, moins de spectateurs, moins d’ambiance, plus d’espace, mais toujours pas plus de vitesse à l’approche de la bosse du 23ème mile.
Comme je le répétais à l’envie avant la course, je ne gardais pas un mauvais souvenir de cette montée lors de l’édition 2008, en fait je n’en gardais pas vraiment de souvenir… Je devais être déjà en coma dépassé, car là je la sens passer ! Oh bon sang comment ai-je pu l’oublier ? Quelle horreur ! Ce n’est pas tellement la pente, c’est la longueur, près d’un kilomètre et demi, et bien sûr le fait qu’elle se situe au 37ème km. La bonne nouvelle c’est que nous longeons enfin Central Park, mais sinon ce sont 10 minutes interminables, pas besoin de prendre l’excuse de la densité du peloton, je rame horriblement !


(drôle de moment pour une demande en mariage)





Enfin, nous pénétrons dans Central Park, je sais que maintenant les difficultés vont être d’un autre type…


Voila le 24ème mile, 38,4 km, 2,2 miles restant, moins de 4 km, top chrono !
Bon, c’est la cata : j’ai fait le dernier mile en 10:30, je passe en 3h36’30’’, j’arrive à faire mes petits calculs, 9’ au mile fois 2 plus 2’ pour faire les derniers 0.2 Mi égalent 20’, qui me font terminer en 3h56’30’’. Si je retrouve mon allure à 9:00 ! Pour faire moins de 3h55 il faudrait que je sorte 2 miles à 8:15, le km en 5’10’’, ce n’est même pas la peine d’en parler !
Exit le C goal Brigitte, le PR est toujours possible, j’ai 3’ de marge…
A goal : BQ <3h45
B goal : Thierry <3h50
C goal : Brigitte <3h55
D goal : Biki <3h59’35’’


De toutes façons le gars a raison :





Central Park, c’est virage à gauche, virage à droite, virage à gauche, et ainsi de suite, combiné à montée, descente, montée, descente, ad libitum ou plutôt ad nauseam.
J’essaie de ne pas me crisper ni m’exploser dans les montées, de relancer dans les descentes, de bien prendre les tangentes dans toute la mesure du possible, mais cette #$dgf## de montée du 23ème Mi m’a tué, et le Garmin reste désespérément en deçà d’une allure de 10’ au mile, même dans les descentes. Ce n’est pas l’effondrement total comme j’ai pu le connaître à Rotterdam, Turin, ou ici même il y a deux ans, j’ai la sensation de quand même me battre malgré ma vitesse misérable, mais je suis franchement dans le dur désormais, ou peut être le fameux mur.
C’est même plus que la sensation de se battre, c’est vraiment la baston (mais pas pour Boston) !
Baston !
BASTON !




J’ai une pensée pour LIZ et DAV qui doivent être en train en ce moment de remonter 1st Avenue à quelques centaines de mètres de là…


Tiens, le 40ème km (j’attendais le 25ème mile pour faire un dernier point), 3h45 et des bananes, YES ! Je sais désormais que je vais battre mon record, 14’ minutes pour faire 2,2 km il faudrait vraiment une catastrophe pour que je n’y arrive pas. Ceci dit tout est possible… Je m’accroche pour sortir de Central Park, ça y est voici Central Park South, et les gratte ciels caractéristiques de Time Warner Center en point de mire, il faut faire toute la largeur du parc, 800m, avant de re-rentrer pour encore 700m. Des spectateurs bien sûr, mais je ne les entends plus, je suis totalement fermé, concentré sur cette fin de course et ce record à assurer, petite montée (repérée lors de la course de la veille au matin) au milieu de Central Park South, Columbus Circle, nous pénétrons à nouveau dans le parc, cela descend un poil, « relancer », enfin essayer, voila le panneau 26 mile, ne reste plus que 0.2 mile soit 320m, coup d’œil sur le chrono ca y est c’est sûr je vais battre mon record pour une poignée de secondes ! Je suis soulagé, je me fais belle pour les photos de l’arrivée,



je sens l’émotion et la tension accumulées pendant ces 2 dernières années et ces 4 dernières heures qui sortent, j’ouvre les vannes et je chiale comme un veau pendant ces derniers mètres, ça c’est fait, ça me permettra d’être radieux la ligne d’arrivée passée !











Epilogue


Quelle sensation curieuse, j’avais l’impression d’être seul au monde avant la ligne d’arrivée, une fois celle-ci passée je reviens au milieu de centaines de personnes, participants et bénévoles…




La suite, c’est : arrêter les chronos, temps approximatif 3:58:50 (le temps officiel sera finalement de 3:58:58), un record personnel de moins d’une minute, mais un record quand même, après Las Vegas c’est un deuxième marathon sous la barre des 4h sur laquelle j’ai buté 5 fois auparavant,
se faire passer la médaille au cou,
remercier les bénévoles,
passer extatique au stand photo,
se faire passer la fameuse couverture de survie (1 bénévole pour mettre la couverture, 1 bénévole pour la fixer avec un adhésif)
remercier un maximum de bénévoles (good job volunteers !)
et commencer la fameuse marche vers les camions pour récupérer ses affaires et sortir de Central Park, tout en grignotant le ravitaillement donné (par des bénévoles…), il me faut ¾ d’heures pour sortir du parc, c’est un peu long mais la joie fait tout passer.


J’ai estimé le temps de LIZ à 5h30, il me faut donc patienter environ 1h30 environ, je vais déambuler (doucement) sur Central Park West au milieu des centaines de participants dans leur couverture de survie, me réfugier une paire de fois dans l’entrée du National History Museum (celui de « La nuit au musée », les dinosaures restent calmes),






squatter les escaliers de ce musée, et enfin je retrouve Yaya et les pom pom girls, qui arrivent du 25ème mile à Central Park, good news LIZ est passé radieuse au 17ème et au 25ème, elle va finir, bad news DAV a abandonné au 17ème, problème de douleurs aux cuisses (quand je lui dirai le lendemain qu’il a fait mieux que Gebreselassie qui a abandonné au 16ème mile et arrêté sa carrière, il me répondra que d’ailleurs lui aussi arrête sa carrière…). Nous allons guetter la sortie de Central Park, je scrute chaque visage, les minutes passent, la voici enfin, moment d'indescriptible émotion !!! Ma fille a fini son premier marathon !!! Elle a fait 5h46 mais qu’importe le chrono, il y a deux ans cette fille n’avait jamais couru 100 m !








Rien que pour cette réussite, l’expérience « du canapé au marathon » valait le coup d’être tentée.


Nous partons dans la nuit new yorkaise "celebrate" notre marathon...











.

23.11.10

New York City Marathon : the long story, fourth borough Manhattan, prelude / The Bronx

First borough : Staten Island
Second borough : Brooklyn
Third borough : Queens
Fourth borough : Manhattan, prelude / The Bronx




« Slow down, you movin' too fast
You gotta make the morning last
Just kickin' down the cobblestones
Lookin' for fun and
Feelin' groovy »
Simon & Garfunkel, Fifty Ninth Street Bridge Song (Feelin' Groovy)






Les 3 mousquetaires sont 4, comme les tiers de César,


(« tout dépend de la grosseur des tiers »)

et les 5 boroughs de New York sont en fait 6, ou plutôt, comme les trilogies de Star Wars dont le début est sorti après la suite,




nous faisons une partie du dernier borough avant le 4ème… Je m’embrouille ! Je manque d’oxygène ! De glucose ! Queensboro bridge m’a tuer !


En fait nous allons remonter rectilignement toute la partie nord de Manhattan, passer de façon quasi symbolique dans le Bronx (4ème borough), et redescendre cette partie nord de Manhattan pour compléter ce 5ème borough.



(Ne vous inquiétez pas, les ongles des orteils sont surestimés)


Le Queensboro bridge nous recrache, un peu, beaucoup entamés, j’essaie de profiter de la descente pour relancer. Comme en 2008, je suis un peu déçu par l’ambiance ou le manque d’ambiance à la sortie (tout est relatif, la rue est large à cet endroit et il n’y a des spectateurs que d’un côté), ce n’est que partie remise, légère descente et passage sous le pont,




nous voila dans First Avenue, nous sommes des rock stars et New York est en délire pour nous ! C’est parti pour la loooongue remontée rectiligne de la première avenue : 3,5 miles, près de 5,5 km ! Rectiligne mais pas complètement plate, les vallonnements nous permettent de voir la « marée humaine » (human sea en english), bordée de chaque côté par les spectateurs en plusieurs rangs ; les « signs » fleurissent



les cowbells sonnent, le bruit est permanent, chacun attend « son » marathonien, d’ailleurs c’est à mon tour de retrouver mes pom pom girls, incroyable, je n’en reviens pas que l’on puisse se retrouver au milieu de cette foule ! Yaya, Bernie, Pauline sont là, je ne vois pas Joe (en fait il est en hauteur en train de mitrailler), on échange quelques mots (« je n’irai pas à Boston »), je confie soigneusement mon sweat collector et mon torchon-bandana désormais fétiche, un bisou, et ça repart !







A propos de repérer quelqu’un dans la foule, après la course Joe me dit « je crois que j’ai vu une célébrité, la sœur de Dexter », un peu de surf et bingo : Jennifer Carpenter, 3h34 (rapide, la bougresse !), comment a-t-il fait pour la repérer dans le peloton ??? En même temps elle se remarque…


Après l’arrêt pom pom girls il faut se remettre dans la course, depuis Queens je tourne les miles en un peu plus de 9’, ce qui doit être insuffisant pour m’assurer le B goal Thierry 3h50’ ; j’essaie de faire les calculs, impossible de m’y retrouver, j’essaie surtout d’accélérer mais rien à faire je reste sur mon rythme de 9’05’’ au Mi, environ 5’40’’ au kil, comme scotché au bitume, qui d’ailleurs, colle littéralement après les ravitaillos, enduit qu’il est de liquide sucré, et de milliers de gobelets…


L’architecture change progressivement, fini les hauts immeubles, la foule de spectateurs s’atténue, au contraire du peloton qui se densifie, j’en déduis que j’ai rattrapé la fin de la deuxième vague de départ. Le haut de Manhattan se fait de façon pénible, permanents changements de direction, prises d’appui, faufilage entre coureurs, pas glop, pas glop ! La solitude du coureur de fond, tu parles Charles !


(ben oui...)


Nous sortons de Manhattan par le Willis Avenue Bridge, encore une petite bosse, une de plus, il ya toujours quelque chose pour justifier que je ne sois pas dans le rythme que je souhaite, une bosse, un ravitaillement, la foule…! J’essaie de bavarder avec une française rattrapée au pied du pont, elle n’a pas envie de parler (désolée !), tant pis pour la causette, je me concentre sur la course, doubler, éviter des gens, doubler, se faufiler, un œil sur le Garmin, se faufiler, doubler…





A la sortie du Willis Avenue Bridge nous entrons dans le Bronx.




Fourth borough : The Bronx


Le Bronx, en 2008, c’est
- “public urination” face à l’autoroute, tellement fatigué que je cela m’indifférait de risquer d’offusquer la prude sensibilité des zétazuniens (en fait je risquais aussi la radiation à vie par les New York Road Runners, glups !)
- L’écran géant juste après le 20ème mile, qui m’énerve, tout le monde fait coucou à la caméra, on se croirait sur TF1 !
- Un merveilleux moment, peut être le meilleur souvenir de ce marathon 2008, la little grandma, black bien entendu, qui doit mesurer 1m45, qui nage dans son ciré jaune de bénévole, qui fait en permanence signe au peloton d’avancer en sautillant sur place, avec un air de penser « c’est moi qui fait bouger tout ça, qu’est ce que ce serait si je n’étais pas là ! » i love you grandma !
- Le grand black 500m plus loin qui crie toutes les 10 secondes « now you’re looking good ! » quelle que soit la mine de ceux qui passent devant lui, combien de fois a-t-il du dire cela ce jour là ?


Pourquoi je raconte tout ça ? Parce que je ne me souviens de rien du Bronx 2010 !
Ah si :
- Le 20ème mile, 32ème km : quelque chose comme 2h58, depuis le semi je tourne à 9’05’’ au mile, je sais que c’est l’allure pour faire 4h00, rapide calcul si je continue à ce rythme 1er semi en 1h55, 2ème en 2h00 = 3h55, exit Thierry de mon collimateur où reste encore Brigitte (« pourvu de faire preuve d’un grand optimisme et d’une fin de course parfaite. On va bien voir… ») :
A goal : BQ <3h45
B goal : Thierry <3h50
C goal : Brigitte <3h55
D goal : Biki <3h59’35’’
- L’écran géant juste après le 20ème mile, qui m’énerve, tout le monde fait coucou à la caméra, on se croirait sur TF1 !
- Ma little grandma qui n’est pas là…
- Des images oubliées de rues qui remontent à ma mémoire en y repassant, telle la proustienne madeleine qui etc. etc.
- Une pensée : « la course commence maintenant. »





Le dernier pont du parcours, pas trop méchant celui là, Madison Avenue Bridge, clôt le Bronx.




A la sortie du Madison Avenue Bridge nous ré-entrons dans Manhattan.










.

21.11.10

New York City Marathon : the long story, third borough Queens

First borough : Staten Island
Second borough : Brooklyn
Third borough : Queens




« I got a call late saturday night alright
Yeah I got a call late saturday night alright
Beat, dead, burnt out from the night before
I wanted to go but couldn't take it no more
Beat, dead, burnt out you know what I mean
My brain was racin but my feet wouldn't scream»
No Go - The Ramones


Queens, home of the Ramones, mon groupe favori, les crétins géniaux dont le message philosophique, social, humaniste et que sais-je encore peut être résumé dans leur séminal slogan « Gabba gabba hey ! »




(un jour il faudra que je fasse le marathon de NY avec un tee shirt des Ramones)
(encore meilleure idée : trouver trois compères dont si possible un grand dadais pour faire Joey et faire le marathon déguisés en Ramones ; je pense que l’on aurait notre petit succès…)




Notre passage dans Queens est moins symbolique que celui à venir dans le Bronx et a fortiori que celui dans Staten Island, mais il ne fait que 2 à 3 miles, tout dépend en effet où l’on situe la limite entre Queens et Manhattan, les deux boroughs étant séparés par l’East River qui doit avoir près d’1 km de large, et relié par le Queensboro Bridge, LA difficulté du marathon, monstre de ferraille qui s’étend sur près d’un mile (1600m) et qui surplombe le fleuve de 40m.




L’architecture a légèrement changé au passage du Pulaski bridge, peut être moins résidentielle et plus industrielle, la foule est cependant toujours là pour nous pousser.





Je gardais un mauvais souvenir de mon passage dans cette zone en 2008, j’avais commencé à trouver le temps long dans quelques avenues sans charme. Est-ce ce souvenir, la déception du chrono au semi, toujours est-il que j’y revis un moment difficile, j’ai la conscience brutale que je ne pourrai pas continuer à ce rythme, sensation très curieuse, c’est bien trop tôt pour être « le mur », je me suis bien alimenté et hydraté jusque là, j’essaie d’insister mais non mes jambes et mon cœur me disent qu’il faut ralentir…


And I feel like I'm gonna die
I don't feel so good inside
Why baby-why, why, why?
Death of me – The Ramones


I don't have any illusions anymore
I've done all that I can do
It's not for me to know It's not for me to know
It’s not for me to know – The Ramones


Donc après un arrêt soigneux au ravitaillo suivant je repars sur des bases de 9’00 au mile, de toute façon nous avons bientôt au menu le Queensboro qui nous surplombe, il va falloir y aller doucement !




(Ah malheureusement si…)


Le Queensboro bridge alias 59th street bridge a été immortalisé par Woody Allen sur l’affiche de “Manhattan”




mais l’heure n’est pas au romantisme quand nous attaquons la pente, 40 m à monter en 1km cela fait 4% si jeune ma buse ? Donc tout le monde se met en mode économie. Il est temps d’abandonner les Ramones, de changer de style et de se tourner vers Simon & Garfunkel « Slow down, you move too fast » - 59th bridge song - Encore un grand moment du marathon de NY, en effet le pont est fermé à la circulation, interdit au public, le peloton se retrouve donc seul dans son effort et sa souffrance, personne ne parle, c’est le grand silence... Nous surplombons l’East River et bientôt Roosevelt Island. La montée est interminable, pas mal de gens marchent, nous prenons le vent, je remets mon sweat rouge en lambeaux (je l'ai déchiré - facilement - Incredible Hulk style pour le quitter) ! La vue sur Manhattan est fa-bu-leuse. Plusieurs coureurs s’arrêtent pour faire des photos (oui oui, la bonne excuse…)




Cette montée ne semble jamais en finir… Mais tout a une fin la pente s’inverse, et nous plongeons sur la gauche par la très pentue bretelle d’accès…


A la sortie du Queensboro Bridge nous entrons dans Manhattan.








.

19.11.10

New York City Marathon : the long story, second borough Brooklyn

First borough : Staten Island
Second borough : Brooklyn


Foot on the pedal - never ever false metal
Engine running hotter than a boiling kettle…
No Sleep ‘Till Brooklyn, the Beastie Boys






Brooklyn, home of the Beastie Boys et de tant d’autres…


Nous voilà donc partis pour un marathon, ma palette d‘objectifs est la suivante :
A goal : BQ
B goal : Thierry
C goal : Brigitte
D goal : Biki


A goal : BQ, Boston Qualifying, <3h45 ; à force de surfer sur les forums américains, je me suis rendu compte que les zétazuniens étaient obsédés par la qualification au marathon de Boston ; il faut dire que ce marathon est l’un des plus anciens si ce n’est le plus ancien (première édition en 1897) d’une part, et le seul à demander un temps minima pour s’inscrire d’autre part. Ces minimas vont certainement se durcir prochainement pour atteindre des valeurs inaccessibles pour moi, mais pour l’instant en ce qui me concerne il me faut faire 3h45 ce qui n’est déjà pas vraiment gagné vu la difficulté que j’ai eu pour passer sous la barre des 4h00.


B goal : Thierry, <3h50 ; Thierry a mon âge, ma taille, 10 à 12 kilos de moins, s’entraîne de 10 à 15 heures par semaines (5 à 6 pour moi), est triathlète et même iron man, ne fait « que » 3h50 au marathon, et ne me croit pas quand je lui dit qu’il pourrait viser 3h30. Le meilleur moyen de le lui prouver est d’égaler son record…


C goal : Brigitte, <3h55 ; Brigitte est l’épouse de Thierry, même profil, elle est passée sous les 3h55, s’est qualifiée pour Boston et n’y est pas allée, grrrr, de la confiture donnée à des cochons !!


D goal, Biki : <3h59’35’’ ; entre 3h55 et mon record de 3h59’35’’ il y a l’intervalle pour améliorer ce PR.


The plan :


3h45 au marathon, c’est 8’35’’ au mile (5’20’’ au km) .
La stratégie est la suivante : Il y aura obligatoirement quelques dizaines de secondes de perdues dans le passage du très pentu pont de Verrazano, il faut ensuite que j’assure 8’30’’ au mile jusqu’au pied du guère moins pentu Queensboro bridge au 15ème mile de manière à avoir 1’ d’avance, sortir de ce Queensboro bridge dans les temps, compter sur l’ambiance de 1st Avenue pour tenir le rythme jusqu’au Bronx, et là espérer un moment de grâce comme à Las Vegas, ou sinon, la baston ! (pour Boston). « Pedal to the metal » donc, tout ce qu’il ne faut pas faire sur un marathon ! En même temps je ne vois pas comment programmer un negative split sur NYC, un new yorkais l’écrivait sur un forum la semaine précédent la course « you won’t negative split this one ». Mon plan est très optimiste mais l’espoir fait vivre.






Donc c’est parti, malgré la foule de participants c’est assez fluide et si le moteur n’est pas hotter than a boiling kettle je suis vite en température (le temps est radieux), je jette mon avant dernier vêtement à jeter, mon singlet bleu presque neuf puisque acheté en 1973.


Touche pas à mon singlet !




Mon sweat rouge qui a le même âge devait suivre le même chemin, mais pris de remords je le garde finalement comme éponge,






et il fera le départ du prochain marathon 


(non ?)




Nous nous lançons donc dans la remontée de Brooklyn, pardon d’employer les images les plus éculées (comme mon sweat), mais le peloton du marathon est une véritable marée humaine qui remonte l’avenue à perte de vue.













Bien que l’on soit sur une avenue 2x2 voies, le public se densifie rapidement et l’ambiance monte tout aussi rapidement. Les Brooklyners sont fidèles au rendez vous, et je trouve ce pourquoi je suis revenu, et ce pourquoi j’ai amené les enfants, les gens massés au bord de l’avenue, qui encouragent tout le monde, les gamins qui demandent des high five, la diversité ethnique, les cops débonnaires, la musique, les « signs », le bruit, les cris, les acclamations, les couleurs !



Les « signs » ce sont ces panneaux souvent pleins d’humour que les spectateurs montrent, soit destinés à une personne, soit collectifs…






J’essaye de profiter de l’ambiance pour trouver mon rythme de croisière, j’accélère petit à petit au fil des miles : 8’45’’, 8’40’’, 8’35’’ mais au moment où je vais arriver à mon objectif de 8’30’’ voila 2 miles à 8’50’’/8’45’’, ça va pas le faire ! J’oublie de vérifier mon split global au 6ème mile mais je sens bien que le A goal, BQ, ça va pas être possible…


(Pas sûr, non…)


A la fin des 8 km quasi rectilignes de 4th Avenue, je dépasse Rhino boy, cela me fatigue rien que de le voir !! (5h16 quand même au final, chapeau !)






voir ici et .


La fin de 4th Avenue s’accompagne d’un changement dans l’architecture, nous ne sommes plus sur un large boulevard 2x2 voies mais dans des rues bordées de commerces et d’habitat.






D’ailleurs nous voici à Lafayette Avenue et là c’est le délire ! Lafayette est une longue avenue pas très large, bordée d’arbres et d’immeubles en briques rouges, et tout le quartier hipster de Fort Green semble s’être massé sur les trottoirs, comment rester insensible :


Je me surprends à me laisser prendre par l ‘ambiance, claquer des high five avec les gosses, interpeller les flics (chacun son tour), mais c’est trop tôt il ne faut pas s’enflammer et consumer son énergie (un jour il faudra que je fasse le marathon de NY sans AUCUN objectif de temps, juste pour le fun !)






Lafayette Avenue, malgré ses vallonnements, me booste pour un mile en 8’25’’ (waow ! 5’14’’ au kil !) mais je retombe vite sur mon 8’45’’ qui semble être l’allure de croisière que je peux assurer.


Peu après Lafayette Avenue et le 10ème mile nous arrivons à un autre quartier très particulier de Brooklyn, le quartier juif hassidique de Williamsburg. Les juifs hassidiques sont très traditionalistes, et pour je ne sais quelle raison*, autant les autres new yorkais sont enthousiastes vis à vis des marathoniens, autant eux sont réservés et ignorent le marathon et les marathoniens (*Kikipédia dit « refus de beaucoup d’aspect de la vie moderne »).
Nous courons donc dans des avenues quasi désertes avec quelques hommes en longs manteaux noirs, chapeaux, « peotes » (tresses), indifférents… Quelques rares femmes, des enfants évidemment plus intéressés, mais très réservés quand même… Très particulier mais un peu triste…


L’espace de 3 « blocks » nous sortons du quartier juif, la frontière est vraiment nette, et nous replongeons dans le bruit et les encouragements. Le truc à faire c’est de mettre son prénom sur son maillot, succès garanti ! Il y a deux ans, le marathon était l’avant veille de l’élection présidentielle aux US, je m’étais bidouillé un slogan à partir d’un autocollant de Barack Obama « Yes I can », les gens m’encourageaient en me criant « Yes you can », ce à quoi je leur répondais « Yes YOU can ! »


(2008)


Cette année je suis revenu à un classique « Biki » amoureusement peint sur soie en lettres basques par ma belle mère préférée, merci ! J’ai du entendre 200 fois « Go Biki !» et 50 fois « Viv’ la Fwance !»
Cela me fait penser que j’ai du dépasser 300 participants Terramia (dont les ¾ qui marchaient), il y a en au moins un sur chaque photo, ils sont venus à combien ?



 (2010)


Ce gars-là ressort son « sign » chaque année, cette année au milieu de Brooklyn, l’an dernier c’était à la sortie au Pulaski Bridge (et puis il ne change guère de tenue d’une année sur l’autre, impressionnant !)
(2009)


Le Pulaski bridge justement s’approche, c’est la fin de Brooklyn qu’il faut bien se résigner à quitter, quel borough fabuleux, Brooklyn i love you !






Le début du Pulaski bridge coïncide avec le semi, c’est le moment du verdict chronométrique mais je me doute de ce qui m’attend.






(Carolyn Rebeck n°45263 dans son tutu mauve mettra in fine… 9 secondes de moins que moi…)


Verdict sans appel : 1h55 au semi, c’est 2’30’’ de trop par rapport au temps idéal, irrémédiable sur NYC avec les difficultés qui restent, Boston ce sera pour une autre fois (ou jamais), par contre le B goal Thierry 3h50 peut être encore jouable pourvu de faire preuve d’un grand optimisme et d’un second semi parfait. On va bien voir…
A goal : BQ <3h45
B goal : Thierry <3h50
C goal : Brigitte <3h55
D goal : Biki <3h59’35’’






A la sortie du Pulaski Bridge nous entrons dans Queens.








.